Rapport sur les travaux de la commission en 2011

Monsieur le Ministre,

La Commission Royale de Toponymie et Dialectologie accomplit sa mission scientifique sous le haut patronage de l’Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique et de la Koninklijke Vlaamse Academie van België voor Wetenschappen en Kunsten. La Commission a comme objectif scientifique l’étude de l’onomastique (toponymie et anthroponymie) et de la dialectologie, particulièrement en Belgique, tant dans le domaine roman que germanique, et la publication de travaux (Bulletins, Mémoires, Tirés à part) relatifs à ces disciplines. Elle assume en outre, une mission consultative; les pouvoirs publics peuvent toujours faire appel à ses avis scientifiques et ne manquent pas de le faire.

Réunions statutaires

Les réunions statutaires ont eu lieu les 31 janvier, 30 mai et 24 octobre 2011 dans les locaux du Palais des Académies à Bruxelles (rue Ducale 1). Il y a eu six réunions de section (dans chacune des deux sections les 31 janvier, 30 mai et 24 octobre 2011), une séance plénière (le 24 janvier) et deux réunions (communes) du bureau les 30 mai et 24 octobre 2011.

Communications faites à la séance plénière

Etienne RENARD, Présentation de la base de données du Thesaurus diplomaticus (Brepols)

Publiée en 1997, la base de données « Thesaurus diplomaticus » reste méconnue en dehors du petit monde des historiens médiévistes. Or elle peut rendre de précieux services à tous ceux qui s’intéressent à l’anthroponymie et à la toponymie de nos régions, pour la recherche des documents et le choix de la meilleure édition, mais aussi pour le contrôle de la datation, de l’authenticité et de la tradition manuscrite des actes ainsi repérés.
Il s’agit d’une base de données textuelle et documentaire portant sur la documentation diplomatique (chartes, diplômes, bulles, polyptyques…) de l’« espace belge » du 7e au 12e siècle. La base textuelle (6000 actes) est beaucoup plus restreinte que la base documentaire (12 800 actes) : elle livre le texte complet des actes préalablement édités des princes et des institutions ayant leur siège sur les territoires actuels de la Belgique et du Grand-Duché de Luxembourg, auxquels on a adjoint les actes des évêques de Cambrai. En revanche, la base documentaire recense tous les actes connus dont l’auteur ou un des destinataires relève du territoire des anciens Pays-Bas méridionaux : elle porte donc sur un territoire plus vaste et inclut les actes inédits et les deperdita ; en théorie ont également été pris en compte les actes mentionnant au moins un toponyme compris dans les limites géographiques définies ci-dessus.
En attendant la sortie prochaine d’une nouvelle édition de cette base, étendue aux actes de la première moitié du 13e siècle, on pourra consulter le cédérom de 1997 (Éditions Brepols) dans les bibliothèques ou les départements d’histoire des universités belges.

Paul KEMPENEERS, Ma publication Toponymie van Langdorp

Communications faites à la section wallonne

Marie-Guy BOUTIER, Cerquemanage. Histoire d’un terme juridique du français septentrional

Grâce à une récente étude portant sur le cerquemanage, observé dans la principauté de Liège aux 15e et 16e siècles (Bruyère, à paraître), nous possédons des données assurées au sujet de cette institution à l’époque moderne.
Comme éléments de définition essentiels du terme d’histoire cerquemanage et de son éponyme, moyen français cerquemanage, tel qu’il se laisse appréhender aux 15e et 16e siècles, nous retenons, sur la base de cette analyse, trois traits fondamentaux de sens :
1 ‘procédure judiciaire publique’,
2 ‘visant à localiser précisément des biens fonds’,
3 ‘par le biais d’une enquête orale auprès des habitants’.
Le mot cerquemanage, connu sous des variantes assez nombreuses, et les mots qui sont indubitablement de sa famille (cerquemaner, cerquemanant…) sont attestés depuis le 13e siècle dans la partie septentrionale du domaine d’oïl. Les dictionnaires de l’ancien français (Tobler-Lommatszch, Godefroy) recensent ces mots dans le Hainaut, la Flandre et la France du nord, auxquels il faut ajouter la Wallonie. Au surplus, cerquemanage appartient à un ensemble de termes dont les relations ont peut-être été considérées trop rapidement comme évidentes.
L’étymologie de ce verbe, telle que la propose le FEW (2/1, 698a, CIRCARE, sous II 3), est celle d’un emprunt, que le commentaire explique de façon circonstanciée. Cette étonnante reconstruction de la genèse symbiotique germano-romane d’apic. c(h)erquemaner, posé comme base du dérivé cerquemanage, semble avoir été inspirée par l’une des deux étymologies proposées par Du Cange (éd. Favre 1883-1887, 2, 337b, s.v. circamanaria) : « Circamanaria, Limitum fixio, quae fit coram judice, qui agros controversos inspicit ; a Circare, agrum deambulare, et man homo, unde Circamanni, qui ex officio limites defigunt […] ».
Par ailleurs, une autre pièce doit être versée au dossier. Dans la partie orientale de l’aire où est attesté le type cerquemanage, à savoir en Wallonie, a existé jusqu’au 20e siècle un mot dialectal, wallon tchèsse-mènadje, tchèsse-manèdje, que le FEW atteste à Liège et à Neufchâteau.
Les questions mises au jour dans le cadre de notre enquête visant à connaître l’étymologie de cerquemanage, terme juridique propre à l’ancien et au moyen français régional septentrional sont les suivantes :
1 Cerner le plus précisément possible le sens et les valeurs d’emploi du mot en ancien français.
2 Identifier les relations de ce mot avec les mots qui appartiennent certainement à sa famille.
3 Identifier les relations de ce mot avec le type chasse-ménage, que le FEW n’atteste que dialectalement, mais dont on connaît des mentions dans le moyen français régional de Wallonie depuis le 16e siècle.
La plus ancienne mention liégeoise de cerquemanage se lit dans une charte originale du Cartulaire de l’église Saint-Lambert de Liège, datée du 18 janvier 1244. Cette attestation est de peu postérieure à la première mention datée et localisée recueillie par Godefroy, qui remonte à 1240 et concerne Heylissem.
L’acte met fin, grâce à une procédure d’arbitrage, à un conflit (bestens) opposant l’église de Liège et Oton de Morialmé, son vassal, avoué de Marcinelle, au sujet des bois de Marcinelle, dont l’église garde la pleine propriété (fons et comblens), mais dans lesquels l’avoué conserve certains droits. L’acte prévoit que l’église pourrait y promouvoir la création d’un habitat concentré (faire ville) et que, dans ce cas, l’avoué y percevrait un cens sur chaque habitant ; que l’avoué percevra le tiers des droits de justice ; que l’église désignera le forestier, et que celui-ci reversera à l’avoué le tiers des saisies (panies) ; que le vivier localisé sur les rives de la Hee sera loué par l’église à l’avoué et son héritier ; et que l’aunaie (anoit), située entre Loverval et Marcinelle, devra faire l’objet d’un cerquemanage conforme aux usages en vigueur (loial cerchemanage), sous le contrôle des deux arbitres, Gérard de Marbais, d’une part, Gérard de Peis, archidiacre de l’église de Liège, d’autre part.
Un autre contexte remarquable est fourni par le Paweilhar, lequel consiste en « un assemblage de sentences ou d’enseignements prononcés, entre 1280 et 1357, pour une part substantielle par les échevins de Liège, en application du droit local, dont la couche la couche la plus ancienne porte le nom de Loy Charlemagne» (Bruyère 2009 : 308). Le Paweilhar et le Patron del temporaliteit, sur lequel nous allons revenir, sont les deux piliers du droit liégeois.
Une paraphrase n’est pas inutile pour aborder ce texte. Les échevins de Tilff (Tywez) viennent prendre conseil auprès des échevins de Liège à propos du cas de Hanet Quartal. Celui-ci a acquis un pré sur la rivière, qui est cependant séparé de celle-ci par un pâturage commun (pasturaige et ayssemenche delle vilhe) ; les échevins locaux conservent (wardent) le statut de ce pâturage. Le fait que Hanet ait clôturé avec le sien (encloiit, passé s.) le bien public pour se l’approprier a justifié un cerquemanage (chechemanaige), au terme duquel la clôture (closin) a été abattue. Un déplacement de la rivière ayant d’abord emporté à l’une des extrémités (l’unc de coron) aussi bien le pâturage que le pré, puis ayant ensuite ramené la terre en l’augmentant même d’un demi bonnier, Hanet a réclamé l’ensemble du terrain, usant d’un argument formulé comme une sentence (partant que eawe donne et eawe toite ‘eau donne et eau enlève’). Cependant, l’avis rendu (cargiet) par les échevins de Liège ne lui donne pas raison et l’accroissement de la terre (che que la fut acruyt) reviendra au bien commun, au motif que les échevins avaient bien gardé le statut de celui-ci.
Variantes : chechemanaige (A, déb. 15e s.) ; cachemanage (A*, articles en double dans le ms A) ; cherchemaige (G, mil. 16e s.) ; chesmenage (M, 17e s., comportant de nombreux « rajeunissements ») ; chechemaingnaige (C, 15e s.) ; chierquemonaiges (K, 16e s.).
Le troisième contexte sur lequel nous nous pencherons est celui du Patron del temporaliteit, œuvre inachevée de Jacques de Hemricourt, secrétaire des échevins de Liège, datée des environs de 1390. Le passage de ce qui se projetait comme un traité de droit public est extrait d’un chapitre décrivant la fonction de l’avoué, lequel tient son office en franc alleu des échevins et prélève, au titre de sa fonction, le tiers des amendes perçues par les échevins.
Le passage, le seul du traité où apparaisse cerquemanage, montre à nouveau le lien étroit existant au 14e s. entre les espaces publics et le cerquemanage. C’est l’avoué, ou à son lieutenant, accompagné des représentants de la justice, que revient, dans la cité de Liège, le devoir de rechercher (cachier) et d’évacuer (descombreir) les terrains communaux (werixhas, verixas) et de faire les cerquemanages. Si une amende est perçue ou si des récoltes sur pied (vaires), des arbres, des semences (ahans), une maison, etc. sont trouvés sur place, l’avoué en percevra le tiers. L’avoué se substitue au maire dans sa fonction si celui-ci ne se rend pas sur place ou s’il ne veut pas abattre ce qui sera trouvé.

Reconstitution d’une histoire pluridimensionnelle
Le mot cerquemanage est une création lexicale de l’ancien français dont on peut comprendre la genèse en l’ancrant dans une certaine phase du développement de la langue et de la société médiévale.
Cette institution nouvelle, qui ne semble attestée que dans une aire septentrionale correspondant au nord de la France, à la Flandre et à la Wallonie actuelles a généré un ensemble de créations lexicales qui s’enchaînent selon un ordre qu’il faut reconstituer. La tête de cet ensemble n’est pas, ainsi qu’on l’a pensé (FEW, DMF), le verbe cerquemaner, mais le substantif cerquemanage. Le modèle de cette formation lexicale s’analyse comme la transposition d’un énoncé prédicatif « il cerche les / ses manages », qui décrit l’action d’un « il » implicite à poser comme premier argument (cf. Benveniste 146-162).
Le « problème » posé par le substantif cerquemanage est qu’il dénote un procès. Pour actualiser ce procès, la langue fait entrer le substantif dans des locutions à verbe support : aller à (loyal) cerquemanage (premier extrait et DMF), faire cerquemanage (troisième extrait).
Il nous semble que c’est la « nécessité verbale », celle-ci encadrant la possibilité de spécifier la relation actantielle par des moyens lexicaux, qui explique la création du verbe cerquemaner.
Par ailleurs, la forme du radical verbal cerquemaner, non analysable, montre une réfection en cerquemener, qui ne peut s’expliquer que par une réanalyse secondaire en tant que composé de cerquier et mener (mentions déjà citées de 1266, 1273, 1279).
En résumé, dans une aire restreinte de la Picardie septentrionale, un verbe nouvellement créé à partir d’un substantif tend à se détacher de la base sur laquelle il s’est formé (mil. 13e s.) et ce verbe tend à organiser autour de lui un ensemble de formes qu’il configure comme ses dérivés (processus achevé fin 13e s.). Il est raisonnable de penser que cette phase de création linguistique correspond à l’institutionnalisation de la procédure et à la mise en place d’agents spécialisés pour l’effectuer.
Par ailleurs, le regard porté sur trois textes d’origine liégeoise, envisagés en contexte large et, pour deux d’entre eux, sur la longue durée de leur réception manuscrite, offre le moyen de cerner plus étroitement le lieu d’origine du mot cerquemenage et les modalités de son rayonnement à partir de ce centre.

Esther BAIWIR, L’Atlas linguistique de la Wallonie. Un nouveau volume et quelques perspectives

Elle se propose de présenter sommairement le volume de l’ALW qu’elle a présenté comme thèse de doctorat en 2009 et qui en est au second jeu d’épreuves, mais aussi d’évoquer le futur de l’atlas.
Ce volume intitulé Famille, vie et relations sociales qui constitue le tome 17 – mais en fait le 10e volume achevé – de l’Atlas, est donc consacré aux aspects sociaux, familiaux et affectifs de la vie humaine. Sont présentées successivement les données ayant trait à la famille (notices 1-55), à la géographie humaine et à l’habitat (56-66), au travail et à l’économie (67-81), aux relations amicales (82-93) et aux interactions humaines (94-160). Les apsetcs ethnographiques y sont particulièrement nombreux.
Parmi les caractéristiques de ce volume, on peut noter e.a. la multiplicité des réponses qui ont été fournies y compris pour un même point d’enquête, l’image des parlers que l’enquête donne et les nombreuses formes redoublées (du type tonton).
Dans les perspectives de l’ALW, on retiendra les divers projets d’informatisation (avec les difficultés dans la recherche de mots et de formes), les volumes encore en chantier et les volumes de compléments prévus.

Jean LOICQ, Naast, Quenast et le nom de la rivière Quenaste.

Le caractère hydronymique de Quenast (Brabant wallon) intrigue, le nom ne possédant pas les caractères extérieurs d’un hydronyme, ni en ce qui concerne le suffixe, ni pour le radical. En outre, le nom de la Senne, rivière qui arrose Quenast, est ancien ; on ne peut pas exclure a priori qu’il s’agisse d’une dénomination locale, soit de la rivière elle-même, soit d’un éventuel affluent disparu. Plusieurs documents du Moyen Âge font état d’une rivière Kenastia, Kenaste, etc., p. ex. XIIIe s. « ultra … juxta kenastiam », 1487 « la riviere … le Kenaste », 1522 « la riviare … le Quenaste ». On pourrait croire, de prime abord, ce nom dérivé de celui de la localité, au moyen d’un banal suffixe -ia, n’était le fait que ce dernier présente depuis ses mentions les plus anciennes la forme féminine de la rivière : 1119 (c. ±1250) Canatha ; 1219 Chanaste, Canaste ; etc. On peut donc se demander si l’un et l’autre ne procéderaient pas d’un même signifié de base susceptible de désigner d’une part un site et d’autre part le cours d’eau qui le traverse.
Une première difficulté a visiblement embarrassé les chercheurs qui ont tenté d’expliquer le nom de Quenast. Il s’agit de la relation avec Naast, situé à la rencontre de plusieurs ruisseaux qui s’en vont renforcer la Senne. Les deux noms apparaissent indissolublement liés. Leurs formes dialectales sont exactement symétriques (resp. naus’ et c’naus’). Un document de 1170 donne pour Quenast le nom de Nahtha s’il faut en croire l’identification d’Auguste Vincent.
D’un autre côté, on a donné depuis longtemps une explication satisfaisante de Naast, attesté sous la forme Nasta à la date de 1138 dans une copie de la fin du XIIIe s., en l’interprétant comme un collectif à suffixe -t, commun dans la lexicologie et la toponymie flamandes (ex. : ruim adj. « large, spacieux » ~ ruimte subst. « espace, étendue »), formé sur un radical qui intervient dans une série lexicale dont le sens général est « mou, faible » et de là « tendre, humide ».
La situation de Quenast se révèle comparable en tous points à celle de Naast. Si les ruisseaux qui ont pu créer là un site humide et marécageux n’apparaissent guère sur les cartes actuelles, leur antique présence est du moins garantie par la toponymie ambiante, où les noms en -becq ou en -beek sont nombreux, en même temps qu’ils révèlent une romanisation du terroir inégale et chronologiquement échelonnée. Mais, dès lors que les deux noms apparaissent ainsi liés, que faire de la 1re syllabe de Quenast, qui ne répond à aucun préfixe roman ou néerlandais connu ? Carnoy et Gysseling ont en vain tenté de l’expliquer.
La solution ne serait pas d’ordre lexicologique ou morphologique, mais phonétique. La graphie de 1219 Chanaste indique la voie à suivre, dès l’instant où l’on prend conscience de la difficulté, pour les clercs du haut Moyen Âge, de rendre en latin le groupe consonantique initial *hn- impliqué par l’étymologie rappelée ci-dessus, et lui-même issu de *kn- par l’effet de la mutation propre à tout l’ensemble du germanique ; ceci, via un stade intermédiaire /χn/ dont il reste quelques traces.
C’est un schéma analogue qui expliquerait la variation capricieuse observée dans le présent dossier. On conçoit en effet qu’un vieux francique *χnast-, *hnast- « site humide, marécageux » ait été rendu par *knast- au sein de la population romane dominante, le /χ/ étant étranger au gallo-roman ; ce *knast- aura été prononcé /kənast/, un groupe /kn/ étant également insolite : de là la forme anc. Kenastiam et les graphies plus récentes avec Qu-. À Naast même, l’hydronyme Quenast conserve le souvenir de la prononciation ancienne. Le détail des formes montre d’ailleurs que la situation actuelle, qui oppose nettement Quenast et Naast, est le résultat d’une répartition sans doute récente et en partie artificielle.

Bernard ROOBAERT, La dénomination de fortifications romaines en castra pendant l’Antiquité.

Se basant sur un relevé des mentions antiques du terme castrum/castra dans le monde romain antique, collectées essentiellement sur Internet, l’auteur part d’une constatation : castrum/castra se rencontrent toujours sous la forme d’appellatifs et, chez César, jamais comme toponymes. En outre, on en trouve peu dans l’Est de l’empire et dans le nord de l’Afrique. D’où la question : les fortifications romaines ont-elles réellement porté des noms en –castra ?
Une seconde difficulté semble venir du fait qu’il existait, si l’on se base sur les documents historiques et l’archéologie, différents types de fortifications ; d’où peut-être la coexistence du terme castellum à côté de castrum. En outre, les historiens et archéologues ont établi une typologie des fortications romaines qui ne correspond pas aux appellations attestées dans les textes et l’épigraphie. Une dernière composante de la problématique réside dans le fait que le type castra est resté productif pendant une longue période, avec emprunt (via le grec kastron) par les Arabes sous la forme kasr, encore utilisé à l’heure actuelle, ce qui explique les toponymes tels qu’Alcazar ou Louxor.
Une constatation s’impose : les fortifications qui portent un nom en castra ne semblent présenter aucun trait commun (date, dimensions, effectifs). Que justifie donc l’emploi du terme spécifique castra ? Le problème reste entier et demanderait à être encore approfondi, sur la base de données plus larges.

Communications faites à la section flamande

Ann MARYNISSEN, Oost-Nederlandse familienamen
Roxane VANDENBERGHE, De morfologie van de Nederlandse logische voegwoorden in historisch perspectief
Jan GOOSSENS, De problematiek Nederlands-Duits in de late middeleeuwen

Un site internet propre

Les membres s’accordent sur la nécessité d’une actualisation permanente de leur site internet propre (www.toponymie-dialectologie.be), pour qu’il reflète les activités scientifiques et les activités d’expertise (consultation des pouvoirs publics) de la Commission, ainsi que les activités scientifiques, publications et contacts internationaux de ses membres. Les membres transmettent régulièrement leurs propositions d’actualisation au gestionnaire du site (‘webmaster’). Le site web permet en outre de compéter les publications de la Commission en offrant plusieurs liens vers les résumés en d’autres langues et vers des cartes toponymiques ou dialectologiques difficiles à publier.

Un comité de lecture

Les membres des deux sections de la Commission de Toponymie & Dialectologie ont constitué un comité de lecture commun (nl.: ‘redactieraad’) pour la revue de la Commission (Bulletin / Handelingen). Ce comité scientifique externe est composé des onze membres étrangers dont voici les noms : Eva BUCHI, Jean-Pierre CHAMBON, Georg CORNELISSEN, A.C.M.GOEMAN, Ludger KREMER, Wulf MÜLLER, Bertie NEETHLING, Hermann NIEBAUM, Damaris NÜBLING, Jean-Louis VAXELAIRE et Stefan ZIMMER. Ces ‘peer reviewers’, experts dans les différentes disciplines scientifiques des publications de la Commission, veillent, de concert avec l’équipe rédactionnelle (les membres de la Commission), à l’excellence scientifique de la revue et garantissent ainsi un classement (‘ranking’) élevé en matière de bibliométrie internationale.

Constitution du bureau et composition de la Commission

Lors des séances du 31 janvier 2011, trois changements sont intervenus dans la composition de la Commission : suite à leurs demandes
Michel FRANCARD (membre de la section wallonne), Ward VAN OSTA et Hugo RYCKEBOER (membres de la section flamande) ont été admis à l’honorariat. Il sera procédé dans les plus brefs délais au remplacement de ces membres sortants de grand mérite.

Publications

Le Bulletin LXXXIII (2011) compte 313 pages. Il a été envoyé aux institutions et revues avec lesquelles nous entretenons des relations d’échange. Les ouvrages parvenus à la Commission, à titre d’achat ou d’échange, sont déposés dans notre bibliothèque, incorporée dans la bibliothèque du Palais des Académies à Bruxelles (rue Ducale 1). Quarante exemplaires sont envoyés aux centres scientifiques des universités de Belgique, pour être mis à la disposition des étudiants et chercheurs.

Trente-cinq ans après la publication de sa Bibliographie toponymique des communes de Wallonie jusqu’en 1975 (en collaboration avec Régine Toussaint), Jean Germain, secrétaire de la Section wallonne, a largement revu ce travail d’inventaire, en y intégrant les compléments parus depuis lors. Cette nouvelle bibliographie, intitulée Les études toponymiques et microtoponymiques en Wallonie. Bibliographie rétrospective, a été publiée en 2011 comme Mémoire 25 de la Commission Royale de Toponymie & de Dialectologie. La bibliographie se compose de deux grandes parties : la première est consacrée à la toponymie majeure, la seconde partie à la microtoponymie. Le tout s’adresse non seulement aux onomasticiens, mais rend aussi de multiples services aux historiens et aux archéologues s’intéressant au domaine wallon.

Werk 28 – De Vlaamse gemeentenamen. Verklarend woordenboek, le dictionnaire explicatif de tous les noms des communes flamandes, réalisé par les collègues F. Debrabandere, M. Devos, P. Kempeneers, V. Mennen, H. Ryckeboer & W. Van Osta en collaboration avec la section flamande de la CRTD (2010), a été réédité par le Davidsfonds (Leuven) dans un format de poche à 10 000 exemplaires.

Mission consultative sur le contrôle des noms de rues et la collaboration avec l’IGN

En matière de changement ou d’attribution de noms de rues, la Section wallonne de la Commission a été consultée en 2011 par les 84 communes wallonnes et bruxelloises, dont les noms suivent : Anderlecht, Anhée, Baelen, Beaumont, Beauvechain, Belœil, Berchem-Ste-Agathe, Bernissart, Bertogne, Bouillon, Braine-l’Alleud, Bruxelles, Burdinne, Chapelle-lez-Herlaimont, Charleroi, Châtelet, Chiny, Ciney, Court-Saint-Etienne, Couvin, Daverdisse, Dinant, Dison, Dour, Étalle, Evere, Fléron, Fleurus, Floreffe, Florennes, Fosses-la-Ville, Frameries, Froidchapelle, Gembloux, Gouvy, Grâce-Hollogne, Grez-Doiceau, Hamois, Herbeumont, Ittre, Ixelles, Jalhay, Jette, Jodoigne, La Roche-en-Ardenne, Léglise, Le Rœulx, Libin, Libramont-Chevigny, Liège, Lierneux, Manage, Mons, Namur, Neufchâteau, Nivelles, Olne, Orp-Jauche, Ottignies-Louvain-la-Neuve, Ouffet, Pecq, Péruwelz, Perwez, Plombières, Quaregnon, Rochefort, Saint-Georges-sur-Meuse, Soignies, Soumagne, Stavelot, Tenneville, Thuin, Tintigny, Tournai, Tubize, Uccle, Vaux-sur-Sûre, Vielsalm, Villers-la-Ville, Villers-le-Bouillet, Viroinval, Visé, Wanze et Waterloo.
Le secrétaire Jean GERMAIN a commencé la procédure d’archivage des dossiers de noms de rues de la Section wallonne, en transférant les dossiers anciens depuis 1969 au Service d’Archives de la Région wallonne à Beez (Namur), avec lequel la Section wallonne a signé une convention.
Jean-Luc FAUCONNIER a participé comme consultant à trois réunions de la Commission d’odonymie communale de la ville de Charleroi, chargée d’éliminer les doublons en matière de noms de rues. Léo WINTGENS collabore à la réalisation du libellé trilingue des nouvelles plaques de rue de Kelmis/La Calamine.
En outre, divers dossiers ont été soumis par des administrations et des particuliers à propos de questions de toponymie et de problèmes relatifs aux graphies employées par le cadastre.

Contacts internationaux

Esther BAIWIR a été invitée à participer au séminaire transfrontalier “Langues, glossaires et bases de données informatiques”, organisé à Université de Lille 3 – Charles de Gaulle (France), en collaboration avec l’Université de Liège, le 21 mars 2011. Elle y a présenté une communication intitulée On veut des chiffres ! Quelques dangers d’une exploitation non raisonnée des ressources lexicographiques informatisées. Elle a également participé à la réunion de travail annuelle de l’Atlas linguistique roman (ALiR), qui s’est tenue du 19 au 21 mai 2011 à l’Université de L’Aquila (Italie).
Le 1er juin 2011, elle a participé à la “3e journée liégeoise de Traitement des Sources galloromanes (TraSoGal)”, à l’Université de Liège, en évoquant quelques cas de figement dans l’Atlas linguistique de la Wallonie». Enfin, elle a présenté une communication intitulée Emprunts vs formes héritées: l’analyse phonétique au service de l’histoire au Symposium International sur les Limites et les Aires en Dialectologie, qui s’est tenu à l’Université de Lisbonne (Portugal), du 23 au 25 novembre 2011.

Marie-Guy BOUTIER a fait un cours-conférence à l’Académie royale de Belgique (Namur) sur le thème du Patrimoine dialectal majeur de la Belgique romane, le 31 mars 2011 ; ce cours faisait suite à un autre, consacré au Patrimoine toponymique majeur de la Belgique romane, ayant eu lieu le 25 mai 2010.
Depuis le 1er avril 2011, Jérémie Delorme, docteur de l’Université de Paris IV-Sorbonne, travaille dans le cadre d’un mandat de postdoctorat du FNRS dans le service de Linguistique française & Dialectologie wallonne de l’Université de Liège ; l’objet de son étude est la réalisation d’un Dictionnaire topographique de la Wallonie (province de Liège). La troisième journée du groupe TraSoGal (Traitement des sources galloromanes) avait pour objet le figement ; organisée à l’Université de Liège par le service de Linguistique française & Dialectologie wallonne, elle s’est tenue à l’Université de Liège le 1er juin 2011.
La thèse de Pascale Renders, consacrée à l’informatisation du Französisches Etymologisches Wörterbuch (FEW), codirigée par Eva Buchi (Nancy-Université et ATLF) et Marie-Guy Boutier, a été soutenue le 20 juin 2011, à l’Université de Liège. Un mémoire de fin d’études consacré à l’étude du lexique du Poème moral (écrit dans la région de Liège vers 1200) a été rédigé par Anne-Laure Champon sous la direction de Marie-Guy Boutier ; la soutenance a eu lieu à l’Université de Liège le 2 septembre 2011.
Le 16 décembre 2011, le service de Linguistique française & Dialectologie wallonne a accueilli et coorganisé une journée d’étude portant sur le Dictionnaire étymologique roman (DÉRom); ce dictionnaire étymologique, «nouveau Romanisches Etymologisches Wörterbuch (REW)», traite du lexique étymologique héréditaire roman et publie ses résultats à l’adresse http://www.atilf.fr/derom.

Jean GERMAIN a participé au 24e Congrès International des Sciences Onomastiques (ICOS 24) qui s’est déroulé à Barcelone du 5 au 9 septembre 2011, en tant que membre du comité scientifique du congrès et président de la section 5 « Anthroponomastique ». Il a participé également au colloque organisé à l’Université de Luxembourg sur le thème « Familienamen zwischen Maas und Rhein » du 21 au 22 septembre 2011, avec une communication sur la cartographie des noms de personne dans un dictionnaire étymologique et historique.
Il continue toujours à assumer la coordination du projet « PatRom » (Patronymica romanica), visant à établir un dictionnaire étymologique et historique des noms de personnes dans les pays de langue romane.
Il a donné plusieurs conférences sur les noms de famille et sur la toponymie en Belgique et répondu à de nombreuses sollicitations de spécialistes étrangers et de particuliers à propos de problèmes d’onomastique.

À l’occasion du colloque de l’Association française d’archéologie mérovingienne organisé à Paris et Saint-Germain-en-Laye les 3, 4 et 5 novembre 2011 autour du 1500e anniversaire de la mort de Clovis, Étienne RENARD a prononcé une conférence intitulée De huius stirpe quidam Merovechum regem fuisse adserunt, cuius fuit filius Childericus. D’où sortent donc les Mérovingiens ? À partir de la reconstitution de la généalogie des ancêtres de Clovis, il formulait des hypothèses sur l’origine de la famille royale méroviengienne, l’établissement d’un premier royaume en Belgique Seconde sous Chlodio et l’ethnogenèse des Francs ‘saliens’.

Léo Wintgens a été contacté pour exposer l’histoire des langues en contact dans l’ancien Duché de Limbourg lors du colloque bisannuel des sociétés d’histoire de Herve et de Verviers (Herve, le 22 octobre 2011).

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de nos sentiments les plus distingués.

Bruxelles, fin décembre 2011

Le secrétaire général, José CAJOT

La présidente générale, Martine WILLEMS

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